Restructuration des quartiers précaires
Il s’est tenu le 19 avril 2019 dans la salle de réunion de la direction de l’informatique et de la gouvernance numérique municipale une évaluation de référence du rapport final du projet de développement urbain et de restructuration des quartiers précaires (DURQuaP).Cette rencontre était sous la supervision du point focal Pointe-Noire Pascal TCHIVONGO,
représentant du maire, suivi des chefs des quartiers, des directeurs municipaux et autres acteurs concernés en la matière.
L’exposé a été fait par Mr Urbain B.TSALA expert consultant S&E, Décentralisation et Développement local.
Le Projet de Développement Urbain et de Restructuration des Quartiers Précaires (DURQuaP) est un co-financement République du Congo-Banque Mondiale pour une durée de cinq ans (2018-2023). Il se situe dans le prolongement du Projet Eau, Electricité et Développement Urbain (PEEDU) et s’inscrit ainsi dans un contexte de forte urbanisation caractérisée par un accès limité aux services urbains et au logement, des problèmes de gestion du foncier urbain, des politiques urbaines et le processus de décentralisation inachevé. Par rapport au PEEDU, il marque une différence en adoptant, au détriment d’une approche sectorielle, une approche plus cohérente, plus inclusive et mieux intégrée du développement urbain pour établir des liens entre les investissements et le renforcement institutionnel, apportant ainsi des changements systémiques à la gestion du secteur urbain. Le projet s’attache donc à réhabiliter certains quartiers pauvres des deux villes qui n’ont pas été ciblés par le PEEDU, en liant ce processus de restructuration à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie nationale de restructuration des quartiers précaires. Il est axé sur la participation des populations bénéficiaires, tout au long de l’évaluation des besoins des quartiers, de la sélection des investissements et de leur exécution, ainsi que de leur entretien et de leur exploitation. La stratégie appliquée est à la fois adaptative et proactive en privilégiant la restructuration in situ afin de réduire la nécessité de réinstallation des populations, ainsi que les coûts y relatifs. Le projet DURQuaP est conçu de manière à faciliter la concrétisation d’une vision à long terme :
« rendre les administrations municipales davantage responsables du développement urbain et de la prestation de services aux administrés, en mettant l’accent sur la participation et l’inclusion de la population urbaine ».
Pour sa mise en œuvre, outre gestion, coordination et évaluation du projet, le DURQuaP, s’appuie essentiellement sur deux composantes : i) intégration et restructuration des quartiers ; ii) renforcement des institutions et des capacités avec pour objectifs de : (1) faciliter l’accès aux infrastructures et aux services de base dans les quartiers ciblés, et d’améliorer la connectivité et l’intégration des réseaux avec le reste de la ville ; et (2) adopter une approche intégrée de la restructuration urbaine et de la gestion des quartiers précaires.
L’étude objet du présent rapport vise à dresser la situation de référence du périmètre d’intervention et des groupes cibles du projet DURQuaP de manière à pouvoir mesurer et apprécier les réalisations et les changements générés par le projet. La situation de référence donne des informations sur la situation à laquelle le projet vise à apporter des changements
Au menu des problèmes et difficultés rencontrés au cours de cette évaluation de base, il y a lieu de signaler : (1) l’indisponibilité des données secondaires, la difficulté à y accéder quand elles existent, et enfin, leur degré de fiabilité ; et le (2) référencement de certaines données (comme les Personnes Affectées par le Projet) qui nécessite des études complémentaires plus approfondies (Plan d’Actions de Réinstallation par exemple).
Sur le plan méthodologique, l’étude s’est reposée sur deux principaux piliers : (1) la reconstitution de la chaîne des résultats ; et (2) la collecte des données (enquête auprès des ménages et entretiens ciblés). L’enquête auprès des ménages a été réalisée au moyen des tablettes. L’étude a ciblé quatre principaux groupes d’acteurs : (1) les chefs de ménages ou leurs représentants ; (2) les municipalités de Brazzaville et de Pointe Noire ; (2) les Comités Locaux de Développement (COLODE) ; (3) les responsables d’établissements scolaires et (4) les Centres de Santé Intégré des quartiers ciblés.
La base de sondage a été estimée à 14 773 ménages. Le taux de sondage de l’enquête était fixé à 20%, ce qui prévoyait un échantillon de 2955 ménages, avec un intervalle de confiance de 5%. Sur la base des informations disponibles, la répartition de l’échantillon dans les deux villes est de : Brazzaville : 1 944 ménages ; Pointe Noire : 1 011 ménages.
Les résultats de la présente étude sont organisés autour de la chaîne de résultats reconstituée du DURQuaP et les données de référence collectée. Dans sa reconstitution, un accent particulier a été mis sur trois (03) catégories d’indicateurs de suivi-évaluation à savoir : (i) les indicateurs de réalisations (outputs) ; (ii) les indicateurs d’effet (outcome) et (iii) les indicateurs d’impact. La chaîne de résultats ainsi reconstituée a permis d’identifier au total 43 indicateurs dont 19 indicateurs de produits/réalisations, 22 indicateurs d’effet et 02 indicateurs d’impact.
L’enquête auprès des ménages s’est déroulée au cours du mois de décembre 2018 entre le 12 et le 17 pour ce qui est de BZV et entre le 19 et le 24 pour ce qui est de PNR. La collecte des données au moyen d’entretiens ciblés s’est déroulée simultanément et s’est poursuivie au-delà dans le but de compléter certaines informations.
·2 910 entretiens auprès des ménages sur une prévision de 2 955 ont été réalisés avec succès. Ce qui correspond à un taux de couverture de 98,5%
·Le traitement des données manquantes a donné à constater que, le pourcentage des valeurs manquantes pour toutes les variables était largement inférieur à 5%. Ce qui amène à conclure que les données recueillies sont de bonne qualité et exploitables. Plusieurs éléments viennent en appui de cette affirmation, notamment : (i) le taux de couverture des ménages (98,5%) ; (ii) le taux de non-réponses à certaines variables (entre 0 et 1.83%), donc très en dessous de 5% ; (iii) la mise à contribution d’une équipe hautement qualifiée constituée de quatre ingénieurs statisticiens, économistes et démographes ; (iv) des enquêteurs d’un niveau élevé (Niveau moyen : BAC plus 2).
Quelques résultats saillants de l’évaluation de base sont relevés ci-dessous :
·Par rapport au processus de mise en œuvre du projet,les données de l’enquête révèlent que 90% des populations vivant dans les quartiers enquêtés, parmi lesquelles 52,24% de femmes sont satisfaites. Les résultats de cette analyse montrent que le projet DURQuaP répond aux attentes des populations. Toutefois, il y a lieu de faire remarquer qu’il ne s’agit ici que d’une satisfaction exprimée par rapport aux espoirs suscités et au processus fondé sur la participation et l’inclusion
·85,7% de bénéficiaires visés sont au courant des informations relatives au projet et des investissements qui seront financés par le projet
·40,6 % des habitants des quartiers ciblés n’ont pas accès à une voie praticable dans un rayon de 500 m.
·56 % des ménages disposent d’un branchement/abonnement de la SNDE, cependant que 30% de ceux-ci ne sont pas fonctionnels.
·79.4% de ménages sont abonnés au réseau d’électricité, les autres sources d’énergie étant les lampes rechargeables (11.5%), le pétrole (7,7%).
·Plus d’un tiers de ménages (32,1%) dans les quartiers ciblés sont victimes d’actes criminels (viol, agression, vol, etc.) dans une fréquence moyenne de 03 /mois. Les quartiers de Brazzaville tiennent la vedette avec respectivement 39% et 25% pour Soukissa et Moukoundzi-Ngouaka.
·Avec 78.4%, 3.5% et 3%, le paludisme, la diarrhée et la typhoïde représentent respectivement les maladies récurrentes des populations des quartiers ciblés.
·En matière d’hygiène et salubrité, protection de l’environnement, très peu de ménages (12.7%) ont des pratiques jugées acceptables dans les normes. Pour se débarrasser des eaux usées ils utilisent soit une fosse septique/puisard (11.6%) ou un réseau d’égout (1.1%). La majorité des ménages (87,3%) s’en débarrassent soit dans les terrains vides ou les devantures de maisons (35 %), soit dans les caniveaux et abords de rue (48,5 %), soit dans les cours d’eau, les eaux de ruissellement, … (3,1 %) soit enfin dans les broussailles quand elles existent à proximité.
.Pour ce qui est du traitement des ordures ménagères, les pratiques sont relativement satisfaisantes (67%). En effet, 41,6 % de ménages font évacuer leurs ordures ménagères à travers les camions ; 25,2% le font par le biais des particuliers et 0.2% affirment recycler leurs ordures ménagères.
· En s’inspirant de l’échelle simplifiée de mesure de la participation de Sherry Arstein, l’enquête a montré que 39 % des habitants des quartiers ciblés reconnaissent avoir été impliqué dans les activités du projet. Les détails montrent que 41,7% de bénéficiaires l’ont été dans les opérations de collecte de données, 20,4% dans le recensement des besoins et 5,1% dans le choix des investissements. Ce résultat montre qu’il y a encore des efforts à fournir pour une plus grande participation des bénéficiaires du projet dans sa mise en œuvre.
· En matière d’emploi dans la zone d’intervention, 64% de chefs de ménages sont en activité et parmi eux, on dénombre quelques agents des secteurs publics (12%) et privés (19%) tandis qu’une grande proportion exerce dans les petits métiers du secteur informel (31,8%)
· En termes d’impact, au terme du projet, on en attend au moins deux :
– Les populations des quartiers ont adopté durablement de bonnes pratiques en matière d’hygiène et salubrité et protection de l’environnement et les indicateurs de la précarité du quartier se sont améliorés ; et
– Le renforcement des capacités de la municipalité à répliquer l’expérience de restructuration (nb de plans de restructurations de plans élaborés et mis en œuvre), à jouer un rôle actif (prestataire de service aux communautés) dans la promotion du développement local à travers un personnel qualifié et responsabilisé (création d’un service de développement local fonctionnel).